14.5.10

L’arrestation illégale de 43 travailleurs médicaux

Cet article provient de Laura Cliche et Emilie Fontaine, déléguées Montréalaises à la Mission d’observation électorale aux Philippines. D’autres nouvelles suivront.

Free the 43 Y a-t-il beaucoup de pays dans le monde où un enfant de quatre ans peut expliquer à la presse pourquoi sa mère est prisonnière, mais innocente? C’est pourtant le cas du petit Egoy Clamor, fils de la Docteur Merry Mia Clamor.

Suite au typhon Ketsana qui a frappé une partie de Manille et de ses environs en septembre 2009, plusieurs travailleurs du domaine de la santé sont très critiques à l’égard du gouvernement philippin. Sa lenteur à promulguer les soins de base à ses citoyens ont convaincu médecins et infirmières de s’associer pour crier leur indignation, et s’organiser eux-mêmes pour offrir leurs services en cas de catastrophes. Pendant tout le processus, jamais ils se sont doutés être arrêtés et torturés pour une telle solidarité citoyenne.

En effet, le 6 février dernier l’armée et la police philippines ont fait éruption lors d’une de leur fin de semaine de formation pour arrêter tout personnel médical, un total de 43 médecins et infirmières.

Ceux-ci furent transportés dans un terrain de basketball sur une base militaire, attachés par des cordons de plastiques et les yeux bandés, où ils resteront pendant plus de 36 heures avant d’être transférés dans des cellules. Le Docteur Montes, arrêté dans la foulée, décrit ces moments comme étant extrêmement humiliants, autant pour les conditions inhumaines dans lesquelles ils étaient et que pour l’arrestation contraire à toutes les lois philippines.

Cinq jours s’écoulèrent avant qu’ils puissent connaître la raison de leur arrestation. L’armée les accuse de construire des bombes et de posséder illégalement des armes pour aider l’insurrection communiste. Ces allégations sont considérées, selon les organisations des droits humains locales, une façon commune d’harceler et de taire les groupes progressistes et de la gauche.

Plus les semaines avancent, plus les familles des victimes que nous avons rencontrées, découvrent à quel point les autorités philippines font fit des lois. Les détenus sont torturés, harcelés sexuellement et interrogés de façon brutale en plein milieu de la nuit. Jigs Clamor, visiblement éprouvé par la détention de sa femme, nous décrit comment ces techniques utilisées par l’armée ressemblent aux méthodes de la CIA : « Des électrodes ou des couronnes d’épines sont placées sur la tête. Lorsque l’on dénonce cette torture, on nous répond qu’il s’agit des procédures standard d’opération. »

Toutefois, l’association nationale des avocats philippins nous a confirmé que les Philippines ont signé, et ratifié, il y a 22 ans la convention internationale contre la torture et traitements inhumains. Tout récemment, en octobre, une loi fut adoptée pour placer clairement ces châtiments sous les pratiques illégales. Ces mesures juridiques ne freinent pourtant pas l’armée, qui es allée jusqu’à refuser pendant plusieurs jours l’accès au camp à la Commission des droits humains, chargée d’enquêter sur la légitimité de l’arrestation.

De nombreux efforts sont déployés par les défenseurs des droits humains, comprenant des conférences de presses et des rencontres avec différents ambassadeurs. Les familles espèrent que l’attention internationale permettra la libération des détenus, et la reconnaissance de l’illégalité de l’arrestation.

L’épouse du Docteur Montes, les yeux humides, nous raconte à quel point cette expérience est douloureuse «Au début, je ne pouvais ni voir mon mari, ni lui donner de la nourriture ou des vêtements. J’ignorais pourquoi il était là, et dans quelles conditions il était.» Jigs Clamour, à ses côtés, tient son enfant de quatre ans dans ses bras : « La seule chose que nous voulons c’est qu’ils soient relâchés, et nous tâchons par tous les moyens de convaincre le gouvernement de nous écouter».


Émilie Fontaine
Laura Cliche

6 mai 2010
Manille

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